Et, une demi-heure
après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait ; je
voulais poser le volume que je croyais avoir encore dans les mains et souffler
ma lumière ; je n’avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que
je venais de lire, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier
; il me semblait que j’étais moi-même ce dont parlait l’ouvrage : une église,
un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles-Quint. Cette croyance
survivait pendant quelques secondes à mon réveil ; elle ne choquait pas ma
raison, mais pesait comme des écailles sur mes yeux et les empêchait de se
rendre compte que le bougeoir n’était pas allumé. Puis elle commençait à me
devenir inintelligible, comme après la métempsycose les pensées d’une existence
antérieure ; le sujet du livre se détachait de moi, j’étais libre de m’y
appliquer ou non ; aussitôt je recouvrais la vue et j’étais bien étonné de
trouver autour de moi une obscurité, douce et reposante pour mes yeux, mais
peut-être plus encore pour mon esprit, à qui elle apparaissait comme une chose
sans cause, incompréhensible, comme une chose vraiment obscure.
Montag, 2. August 2021
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