D’ailleurs, ce
n’est pas seulement le réveil de nos désirs charnels qui ne correspond à aucune
réalité parce qu’il ne tient pas compte du temps perdu. Il m’arrivait parfois
de souhaiter que wqpar un miracle vinssent auprès de moi, restées vivantes
contrairement à ce que j’avais cru, ma grand’mère, Albertine. Je croyais les
voir, mon cœur s’élançait vers elles. J’oubliais seulement une chose, c’est
que, si elles vivaient en effet, Albertine aurait à peu près maintenant
l’aspect que m’avait présenté à Balbec Mme Cottard, et que
ma grand’mère, ayant plus de quatre-vingt-quinze ans, ne me montrerait rien du
beau visage calme et souriant avec lequel je l’imaginais encore maintenant,
aussi arbitrairement qu’on donne une barbe à Dieu le Père, ou qu’on représentait,
au xviie siècle, les héros d’Homère avec un accoutrement
de gentilshommes et sans tenir compte de leur antiquité.
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