Et, à vrai
dire, comme dans ces calendriers que le facteur nous apporte pour avoir ses
étrennes, il n’était pas une de mes années qui n’ait eu à son frontispice, ou
intercalée dans ses jours, l’image d’une femme que j’y avais désirée ;
image souvent d’autant plus arbitraire que parfois je n’avais pas vu cette
femme, quand c’était, par exemple, la femme de chambre de Mme Putbus, Mlle d’Orgeville,
ou telle jeune fille dont j’avais vu le nom dans le compte rendu mondain d’un
journal, parmi l’essaim des charmantes valseuses. Je la devinais belle,
m’éprenais d’elle, et lui composais un corps idéal dominant de toute sa hauteur
un paysage de la province où j’avais lu, dans l’Annuaire des Châteaux,
que se trouvaient les propriétés de sa famille.
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