Peut-être Swann a-t-il
senti qu’il y aurait trop de résistances à vaincre. Le mariage, cela est
certain, n’a pas plu. On a parlé de la fortune de la femme, ce qui est une
grosse bourde. Mais, enfin, tout cela n’a pas paru agréable. Et puis Swann a
une tante excessivement riche et admirablement posée, femme d’un homme qui,
financièrement parlant, est une puissance. Et non seulement elle a refusé de
recevoir Mme Swann, mais elle a mené une campagne en règle
pour que ses amies et connaissances en fissent autant. Je n’entends pas par là
qu’aucun Parisien de bonne compagnie ait manqué de respect à Madame Swann …
Non ! cent fois non ! le mari étant d’ailleurs homme à relever le
gant. En tous cas, il y a une chose curieuse, c’est de voir combien Swann, qui
connaît tant de monde et du plus choisi, montre d’empressement auprès d’une
société dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle est fort mêlée. Moi qui
l’ai connu jadis, j’avoue que j’éprouvais autant de surprise que d’amusement à
voir un homme aussi bien élevé, aussi à la mode dans les coteries les plus
triées, remercier avec effusion le directeur du Cabinet du ministre des Postes
d’être venu chez eux et lui demander si Madame Swann pourrait se
permettre d’aller voir sa femme.
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